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Repenser l'homme au travail dans un monde numérique

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Le jeudi 23 mai, l'Urogec Île-de-France réunissait les Ogec de son réseau au Collège-Lycée La Tour à Paris pour sa Soirée Régionale 2019 sur le thème de la place de l'homme et l'avenir de son travail dans un monde de plus en plus digitalisé. En attendant la vidéo, revue des principaux témoignages de la conférence.

Intelligence artificielle, block chain, usage des data,... : l'avènement de l'ère numérique bouscule la société et tout particulièrement le monde du travail, des métiers et des formes d'apprentissage. Doit-on pour autant s'inquiéter de la place que prennent les technologies dans nos vies ? Comment s'y adapter pour ne pas laisser la machine l'emporter sur l'homme ? Est-ce que l'Église peut apporter un éclairage anthropologique sur ces questions ?

Pour en débattre, nous avons accueilli Thomas Jauffret, consultant auprès de dirigeants d'entreprise et auteur du livre "Dieu, l'entreprise, Google et moi" (Prix Humanisme Chrétien 2019) qui fait dialoguer nouvelles technologies et pensée sociale de l'Église, et Yves Grandmontagne, DRH spécialisé dans l'accompagnement de la transformation digitale du travail.

Ne pas avoir peur

Premier constat : à l'échelle des différentes révolutions industrielles, la digitalisation de la société s'est tellement accélérée ces dernières années qu'il est important de garder un regard distancié, partagé et apaisé sur ces transformations. Notamment au sein de notre institution chrétienne qui porte un message positif d'espérance.

"Il faut comprendre le monde dans lequel tout est chamboulé par le digital : chaque innovation technologique bat des records et impacte fortement les interactions humaines. Ce qui est en jeu, c'est la manière dont l'homme change ses habitudes, son langage et sa capacité à entrer en relation" concèdent les intervenants.

Accompagner la transformation des métiers

"Quels seront les métiers de demain ?" questionne Fabrice Lundy, journaliste et animateur du débat. De nombreuses études soulignent l'impact du numérique sur l'emploi : des métiers vont disparaitre, d'autres émerger. "Dans ce contexte, il est fondamental de se recentrer sur les tâches les plus nobles et les moins répétitives, celles que la machine ne sait pas faire. Ceux qui vont tirer leur épingle du jeu sont les métiers qui évolueront vers plus de relations. Pour durer, le médecin par exemple devra passer du simple diagnostic à l'accompagnement personnalisé. La robotisation aura ce mérite de faire redécouvrir les talents humains, l'humanité de l'homme en quelque sorte."

Quel impact sur la formation à ces métiers à réinventer ?

"Il faut préparer les hommes à gagner en agilité de compétences dans des organisations de plus en plus instables. Demain, un recruteur regardera davantage la capacité du candidat à apprendre par soi-même, à prendre des risques. Ce sont les fameuses soft skills, littéralement compétences douces comme le sens de l'écoute ou l'empathie, qui permettent d'interagir avec les autres."

Nos invités partagent 4 enjeux majeurs dans cette réforme des ressources humaines :

  1. Savoir vivre avec les algorithmes pour tirer le meilleur parti de l'IA
  2. Gagner en mobilité et adaptabilité, savoir se remettre en question
  3. Retrouver des fonctionnements en communauté car la technologie peut isoler (exemple des freelances ou du télétravail)
  4. Repenser la mission de l'entreprise, sa culture. Avoir la conscience du sens de son action.

Un éclairage chrétien ?

Quelle place pour la créativité et l'émotion ? Pour la fragilité, l'inattendu et le droit à l'erreur ? Quel rôle faire encore jouer à notre esprit critique ? "L'intelligence artificielle ne fait qu'obéir aux ordres. Il faudra toujours de l'intelligence humaine pour discerner la solution, en rire ou en pleurer. L'algorithme n'a aucun talent en soi, n'éprouve aucune émotion. Seul l'homme reste doué d'amour."

Dans cette perspective, la mission de l'école sera de former l'homme, pas de lui donner un métier que l'on ne connait peut-être pas encore. "Pour faire émerger les talents de demain, il faut donner aux jeunes la confiance en leur capacité à s'adapter".

À ce titre, le projet de l'Enseignement catholique s'appuie sur des valeurs chrétiennes très fortes. "Sur l'idée que tout homme, créé à l'image de Dieu, est un être qui a toujours quelque chose à offrir. Or, l'Église ne se positionne pas assez sur ces questions alors qu'elle peut apprendre des technologies et, en retour, leur insuffler une âme."

 

Remerciements : Guillaume Delpit, président Apel Paris

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